Seule la version prononcée fait foi - Neuchâtel 14 juin 2025
Monsieur le Brigadier Charrière, Cdt rempl. de la Division territoriale 1,
Monsieur le Colonel d’État-major général Frédéric Gendre,
Mesdames et MM les représentants des autorités civiles et militaires,
Mesdames et Messieurs en vos titres, fonctions et grades,
Chers parents, chères familles et chers proches des sous-officiers promus,
Mesdames et Messieurs,
Mais surtout : Chers Sous-officiers promus,
Merci de servir notre pays !
La Suisse est basée, très largement sur le système de milice, tant au niveau de ses autorités civiles, communales, cantonales et même fédérales, qu’au niveau de son armée. Les citoyens sont ceux qui font l’État et ses précieuses institutions. L’engagement est le sang qui bat dans les veines de notre démocratie. Par votre engagement vous contribuez à faire vivre notre pays. Et vous contribuez à assurer deux piliers essentiels de sa durabilité : sa sécurité, donc sa liberté !
Ayant le grand honneur de parrainer votre promotion en tant que représentant de l’Assemblée fédérale, que je vous adresse mes félicitations les plus chaleureuses et mes remerciements appuyés.
Vous rejoignez aujourd’hui un corps de cadres essentiel à notre armée. En recevant vos galons, vous devenez les garants d’un savoir-faire, d’une éthique, d’un lien de confiance entre la troupe et la hiérarchie.
Sie können zu Recht stolz auf diesen Tag sein und mit Recht stolz auf sich selbst sein. Ihre Familien, Ihre Freunde und Ihre Angehörigen - die ich hier in Neuenburg herzlich willkommen heisse - können stolz auf Sie sein. Und sie sind es sicherlich. Das Land ist stolz auf Sie. Und es ist dankbar.
In unserem Land ist die Armee nicht eine Institution unter vielen. Sie ist Garant für Sicherheit, aber sie ist auch der konkrete Ausdruck eines kollektiven Willens, der auf individueller Verantwortung beruht.
J’ai regardé tout à l’heure attentivement chacun de vos visages au moment où vous étiez promus et que vous tendiez la mais sur la bannière suisse, en signe de respect et de protection. Dans vos regards j’ai lu de la détermination, le sens de la responsabilité, et de la fierté.
Oui vous pouvez à juste titre être fiers de ce jour et être fiers de vous. Vos familles, vos amis et vos proches – à qui je souhaite une chaleureuse bienvenue ici à Neuchâtel peuvent être fier de vous. Le pays est fier de vous. Et il est reconnaissant.
Notre armée elle est le garant de notre place dans le monde, le garant de notre liberté protégée par notre neutralité : une neutralité active, appuyée par la diplomatie, mais ancrée dans la capacité à se défendre soi-même en cas de besoin.
Le général Guisan le rappelait en son temps : « Notre neutralité vaut ce que vaut notre armée. »
Et cette capacité prend une résonance nouvelle dans le monde incertain qui est le nôtre. Il suffit d’allumer son poste de télévision ou son téléphone portable pour voir ce qui se passe au Proche-Orient. Et même sur notre continent, la guerre d’agression russe contre l’Ukraine, une attitude qu’on croyait heureusement révolue en Europe, celle d’attaquer militairement son voisin, est hélas de retour. L’agression de 2014, puis 2022 est un dur rappel aux réalités : le glaive reste l’axe du monde.
La paix hélas ne peut jamais être tenue pour acquise. Pire même elle semble être considéré par certains dirigeants non pas comme le garant du développement d’un pays de son économie, de ses infrastructures, le socle de son avenir, mais plutôt comme une preuve de faiblesse. Des prédateurs sont aux aguets qui cherchent à imposer le chaos pour imposer leur pouvoir.
Face à cela les démocraties sont mises à l’épreuve. Elles doivent veiller à se protéger. Cela vaut aussi pour les pays neutres qui doivent rester vigilants. Certains, comme la Finlande et la Suède ont, en quelques mois, fait un pas radical et choisi, pour se protéger d’une menace à ne pas sous-estimer, de rejoindre l’alliance atlantique.
Rien de cela en Suisse, mais une prise de conscience que les risques n’ont pas disparus. Qu’ils s’approchent hélas à nouveau. Et que le meilleur moyen de les prévenir est de montrer qu’on est prêts à se défendre, avec compétence et avec conviction. Et se donner les moyens de le faire. C’est pour cela que le Conseil fédéral et le Parlement ont décidé de réaugmenter clairement le budget de défense, comme le font tous les pays du continent, avec l’objectif de 1% du PIB consacré à la défense entre 2030 et 2035. Cela restera moins que la plupart des pays d’Europe. Mais c’est un engagement, fort, qui contraste nettement avec l’évolution des 3 dernières décennies, et qui sera pris sur la durée. Le Conseil national a encore confirmé cette orientation il y a quelques jours, lors de la session d’été des Chambres, dans le « Message sur l’Armée 2025 ».
Aujourd’hui celles et ceux qui servent sous les drapeaux ou qui, comme vous aujourd’hui, sont promus à des postes de cadres, peuvent être appelés un jour au service actif. C’est une réalité qu’il ne faut pas dramatiser, mais qu’il ne faut pas minimiser non plus, il faut en être conscient et il faut s’y préparer. Car pour éviter ce risque, la meilleure réponse est de montrer qu’on est prêts à se défendre : le rôle dissuasif d’une telle attitude est essentiel.
Et la Suisse doit parallèlement continue à jouer un rôle actif sur la scène internationale, porter une politique de sécurité qui est avant tout une politique de paix. Promouvoir, par son action diplomatique, la paix, mais aussi les droits de l’homme, l’État de droit et la démocratie.
Elle doit rappeler l’importance du Droit international humanitaire, elle qui est dépositaire des Conventions de Genève, nées en Suisse pour apporter un peu d’humanité au cœur des conflits, et qui est par trop souvent bafoué aujourd’hui. Il faut s’engager pour ces principes, en Ukraine, au Proche-Orient Soudan ou ailleurs car les conflits oubliés médiatiquement n’en sont pas moins importants. S’agissant de la terrible situation qui prévaut à Gaza, le Conseil fédéral a raison de rappeler activement la nécessité d’un cessez-le-feu, d’un accès humanitaire complet et immédiat et d’une libération sans condition des otages, maintenant.
Et dans le contexte sécuritaire actuel, dans lequel notamment les menaces cyber, aériennes et même spatiales – on l’a encore vu cette nuit – prennent une importance particulière, la coopération internationale est devenue essentielle. La Suisse doit donc poursuivre sa coopération, en particulier avec ses voisins et avec l’OTAN, cela tout en préservant sa neutralité bien sûr cela veut dire sans se lier. C’est possible et c’est nécessaire : il faut renforcer notre interopérabilité, notre formation, notre compréhension des enjeux pour être prêts en cas de besoin à défendre notre neutralité et notre liberté.
J’ai l’honneur de représenter la Suisse , en tant que représentant du Parlement, au sein de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe à Strasbourg, Je peux mesurer en parlant avec mes collègues – tous parlementaires nationaux de 46 pays du continent - combien la Suisse est appréciée et respectée notamment par la force de son engagement – pour les valeurs de paix, de démocratie et de droits de l’homme, mais aussi par la solidité de ses institutions - et l’armée en fait pleinement partie.
Und in dieser Armee sind es vor allem die Unteroffiziere, die die Prinzipien in die Tat umsetzen. Sie sind den Soldaten am nächsten, haben ein offenes Ohr für ihre Stärken, Zweifel und Bedürfnisse, sind der Transmissionsriemen für Befehle und diejenigen, die am Ende dafür sorgen, dass eine Mission erfolgreich abgeschlossen wird. Sie sind diejenigen, die ausbilden, weitergeben und die Truppe zusammenhalten.
Bei der Infanterie ist diese Verantwortung sogar noch direkter. Sie ist eine Waffe der Nähe, des körperlichen und moralischen Einsatzes. Sie erfordert Strenge, Ethik, Belastbarkeit und Urteilsvermögen.
Oui, dans l’infanterie, cette responsabilité est encore plus directe. C’est une arme de proximité, d’engagement physique et moral. Elle demande de la rigueur, une éthique, de la résilience, du discernement.
Aujourd’hui, en recevant ce grade, vous prenez cette responsabilité, celle d’incarner ces valeurs et cette tradition de rigueur, de solidarité et d’exigence. Vous endossez une mission : celle de faire vivre sur le terrain l’éthique et les valeurs de la Suisse.
Une armée forte, ce sont des armes de plus en plus sophistiquées, mais c’est avant tout hommes et des femmes bien formés, responsables, fiers de leur rôle et conscients de leurs responsabilités.
Je vous encourage à continuer à apprendre, à rester exigeants et bienveillants : avec vous-mêmes et avec vos troupes. Souvenez-vous de la phrase du général français Wilfrid Boone cité tout à l’heure par votre commandant d’école ! Et à toujours garder en tête que l’engagement que vous avez pris dépasse la seule sphère militaire : il est un acte de service public, un acte au service du pays et dans ses valeurs.
C’est dans cet esprit que, pour vous remercier, j’ai le plaisir de vous inviter à une visite du bâtiment qui vise à incarner et à représenter, dans notre pays, les valeurs de l’État fédéral et de sa démocratie, le Palais fédéral, une visite qu’avec vos responsables, nous organiserons d’ici l’automne.
Je vous adresser mes remerciements et mes félicitations pour votre engagement au service du pays. Soyez fiers de votre parcours. Portez ce grade de sergent avec honneur et humilité. La Suisse a besoin de femmes et d’hommes comme vous.
Gardez ce regard empli de détermination, de sens des responsabilités et de fierté, celle de défendre le pays et sa liberté !