Seule la version prononcée fait foi – Cernier, 15.6.2025
Monsieur le Président du Grand Conseil,
Monsieur le Président du Conseil général de Val-de-Ruz
Mesdames et Messieurs,
Chers membres du Centre Culturel Bosniaque,
Il y a bientôt 30 ans, l’Europe vivait l’un de ses drames les plus sombres depuis la Seconde Guerre mondiale. En juillet 1995, plus de 8’000 hommes et garçons bosniaques – 3372 exactement - étaient exécutés à Srebrenica, dans ce qui est reconnu comme un génocide par la justice internationale.
Ce massacre ne fut pas un dérapage. Il fut, hélas, le point culminant d’un engrenage nationaliste, d’une logique de haine ethnique et du silence ou de l’impuissance de la communauté internationale. Il nous rappelle à quel point la paix n’est jamais acquise et à quel point la guerre peut apporter avec elle son lot d’atrocités, même sur notre continent européen !
La violence de la guerre nous le voyons, hélas, tous les jours en allumant la télévision ou regardant notre réléphone : en Ukraine, au Soudan (même si ce conflit est beaucoup moins médiatisé, il est l’un des plus dévastateurs), au Proche-Orient ou ailleurs, le monde reste un endroit dangereux et malheureusement les règles les plus importantes, celles du Droit international humanitaire, les Conventions des Genève, nées en Suisse pour apporter un peu d’humanité au cœur des conflits, qui visent à protéger les population civiles, (ces Conventions, pourtant de portée universelle,) sont, de plus en plus souvent, foulées au pied.
Merci d’avoir organiser la commémoration de ce matin et d’en faire un moment important pour nous rappeler des atrocités commises, à Srebrenica et ailleurs aussi pendant le conflit qui a déchiré l’ex-Yougoslavie, pour rendre hommage aux viticmes. C’est important.
Nous ne devons toutefois pas nous arrêter à cela. Nous voulons aussi penser aux survivants, aux descendants et aux proches des victimes. Il y en a de nombreux ici parmi nous. Car de nombreux habitants originaires de cette région de Bosnie, qui se sont installés dans le canton de Neuchâtel en particulier, descendent de rescapés.
La Suisse leur a offert sa protection, elle leur a tendu une main. Ils ont su la saisir. Leurs parcours, souvent passés par des statuts précaires, témoignent de leur résilience. Ces personnes – et il y en a sûrement de nombreuses ici parmi nous - ont trouvé ici un second souffle. Et souvent ells se sont très bien intégrées pour devenir des piliers de notre communauté neuchâteloise et suisse. Ces personnes contribuent aujourd’hui à faire vivre notre pays. Qu’elles en soient remerciées.
La marche symbolique organisée chaque année au Val-de-Ruz, est un geste fort. Un moment de mémoire et de partage. La marche – d’ailleurs considérée comme l’une des activités préférées des Suisses - a une portée symbolique, mais aussi dimension humaine et sociale forte. Quand on marche, on prend le temps – et c’est devenu très précieux – quand on marche, on réfléchit, paisiblement. Cette rélflexion peut être une commémoration, un recueillement, mais aussi une projection.
Et quand on marche à plusieurs, on échange, on écoute l’autre avec plus d’attention et plus en profondeur. Des études scientifiques le montrent : marcher ensemble permet de rapprocher les points de vue. Sûrement parce qu’on prend le temps d’échanger vraiment et qu’on avance ensemble vers un but commun.
Peut-être serait-il temps, face aux atrocités du monde, d’inviter les dirigeants de la planète à marcher ensemble ! Peut-être que la Suisse ne devrait pas organiser la prochaine conférence de paix, à Genève, au Bürgenstock ou ailleurs, mais une marche pour la paix. Et pourquoi pas ici au Val-de-Ruz ?
Et comment évidemment, dans ce contexte, ne pas avoir des pensées émues pour le drame actuel du Proche-Orient et lancer à nouveau un appel au cessez-le-feu à Gaza, un appel à un accès humanitaire entier et inconditionnel ainsi qu’un appel à librér les otages immédiatement et sans conditions.
L’acte d’aujourd’hui est important. Il répond à un devoir de mémoire. Pour rendre hommage. Pour ne pas oublier. Pour ne pas recommencer.
Ce n’est pas seulement l’historien que je suis qui invite à cet acte de dignité, mais le responsable politique qui s’inquiéte du révisionnisme, des discours de haine, des germes de division qui pullulent dans le monde et menacent notre continent y inclus notre Suisse, pays de paix mais surtout pays qui a su construite la paix après des siècles d’apprentissage – pas toujours facile ni sans heurts – du vivre ensemble dans la diversité.
Voilà pourquoi je m’engage, en tant que parlementaire, mais aussi en tant que membre de la délégation suisse au Conseil de l’Europe, pour la défense de la démocratie, des droits de l’homme et de l’Etat de droit sur notre continent. Car il sont les ferments, le socle d’un avenir de paix et de développement humain. C’est pourquoi je soutiens pleinement les efforts de sensibilisation, les commémorations comme celle d’aujourd’hui, les actions éducatives qui en découlent.
Et je vous remercie de vous engager vous aussi ! Toutes les contributions comptent.
Aujourd’hui il s’agit du souvenir de Srebrenica. Mais il s’agit aussi de beaucoup plus que cela aussi : d’éviter de nouveaux Srebrenica.
Merci de votre engagement. Merci pour ce moment de mémoire. Merci de m’y avoir convié. Bonne marche de la paix (mars mita) !