Actualité

"UN POUR TOUS, TOUS POUR UN" Joyeuse fête nationale 2021

"UN POUR TOUS, TOUS POUR UN" Joyeuse fête nationale 2021

A l'occasion de la fête nationale, la commune de La Sagne (NE) m'a invité à prononcer la traditionnelle allocution patriotique. J'ai appelé à conserver ce qui fait notre force: l'union des Suissesses et des Suisses et l'écoute entre eux, dans le respect des différences, surtout en des temps qui nous mettent à l'épreuve comme la pandémie actuelle.

Discours du conseiller national Damien Cottier à l'occasion de la fête nationale suisse, La Sagne (NE), samedi 31 juillet 2021 

Chers concitoyens et chers amis Sagnards, 

« Un pour tous – tous pour un ».

Ce n’est pas seulement la devise des 3 mousquetaires – c’est surtout notre devise nationale, inscrite - en latin - en lettre majuscules sous la coupole fédérale, autour du magnifique écusson national qui a d’ailleurs été produit à Neuchâtel (atelier Clement Heaton > pour en savoir plus):

La mosaïque fédérale sous la coupole du Parlement, avec la devise nationale en latin (photo: D. Cottier)

« Un pour tous, tous pour un » : cet esprit de confraternité et d’unité nationale malgré la diversité de régions, de langues, de cultures ou de religions, pas sans tensions mais malgré les tensions, voilà un élément constitutif de notre pays. Un atout de la Suisse dont nous aimons nous féliciter lors de la fête nationale.

Mais cela ne suffit pas ! Cet esprit d’unité et de respect des différences qui fondent notre pays ne doit pas seulement être invoqué. Il doit être vécu au quotidien. Et plus encore dans les moments difficiles.

Or la crise sanitaire que nous traversons depuis plusieurs mois est un de ces moments qui nous mettent à l’épreuve en tant que société, en tant que pays.

Je vous remercie de votre invitation à La Sagne. Elle me touche sous plusieurs aspects.

C’est dans votre commune – plus exactement à Sommartel - qu’en 2014 j’ai accompagné le très neuchâtelois président de la Confédération d’alors qui recevait le monde, représenté par les ambassadeurs accrédités auprès du Conseil fédéral, pour lui faire découvrir la tradition vivante de la torée neuchâteloise. Le président Burkhalter expliquait alors aux ambassadeurs du monde les subtilités de la Suisse, avec ses différences et sa culture du consensus. Et il soulignait  l’importance d’avoir des racines fortement ancrées, comme les sapins de ces sommets, pour pouvoir dialoguer avec le monde. Savoir d’où l’on vient pour savoir où l’on va.

Comme Neuchâtelois je suis évidemment attaché à La Sagne car c’est par ici qu’est arrivée, dit-on, l’une des principales forces de notre région : l’horlogerie en pays Neuchâtelois. Ce qui fait de La Sagne, au fond, « la Mère-commune ».

Enfin j’ai un attachement tout personnel à cette Vallée : mon arrière-grand-père, Nicolas – à sa naissance Niklaus - Cottier, a immigré ici à la fin du XIXe siècle, depuis Jaun, dans sa Gruyère natale. Artisan fromager, il est venu trouver ici de quoi vivre et il y a fondé sa famille : d’abord à Brot-Dessus, puis à La Sagne, avant de partir pour Le Locle. C’est ainsi que les membres de ma famille sont devenus « (d)es enfants heureux de la meilleure des parties ». La Sagne est donc aussi un peu « ma mère commune ».

Je suis donc très heureux de célébrer ici, avec vous notre fête nationale, en ce jour rendu encore plus beau par une nouvelle récolte de médailles olympiques. Et à vrai dire je suis ravi de pouvoir célébrer la fête nationale tout court, puisque depuis mars 2020 ce qui nous semblait évident… ne l’est plus tout à fait.

C’est donc mon 1er discours d’élu fédéral à l’occasion de la fête nationale, puisque l’an dernier tout fut annulé. Et même cette année, il faut bien chercher les communes qui ont maintenu les rencontres. Alors merci, de cette invitation, merci d’avoir tenu bon pour célébrer notre pays!

« Un pour tous, tous pour un » : je vous le disais, cet esprit doit nous unir, en tous temps.  Surtout dans les moments difficiles.

Or on voit dans notre pays certaines tensions inhabituelles.

A l’occasion de certaines votations où les propos vont trop loin, car ils sortent du débat sur les arguments pour s’en prendre l’adversaire. Or le respect de l’autre, au-delà des divergences de fond, est une clé essentielle de notre culture politique que nous ne devons jamais oublier.

Eh puis il y a aussi la gestion d’une crise sanitaire, complexe et mouvante, qui crée elle aussi des tensions inédites, jusque dans les familles ou entre amis.

Notre pays a adopté une gestion de la pandémie résolument axée sur la responsabilité individuelle et la confiance dans les citoyens. Pas de couvre-feu, peu de confinement et jamais absolu. Et aujourd’hui la Suisse laisse à chacun le choix de se vacciner ou non. C’est un choix individuel qu’il est essentiel de respecter.

Mais nous devons aussi nous souvenir qu’en société, le pendant de la liberté c’est la responsabilité. Or cette décision individuelle a des conséquences :

- des conséquences individuelles puisqu’une personne vaccinée est beaucoup plus susceptible d’attraper la maladie – éventuellement dans une forme grave – même si le vaccin ne protège pas à 100%,

- et des conséquences collectives puisque les personnes non-vaccinées sont beaucoup plus susceptibles de transmettre le virus.

La liberté de chacun s’arrête où commence celle de l’autre a-t-on l’habitude de dire et c’est exactement l’équilibre que nous devons rechercher en permanence dans cette pandémie.

 « Un pour tous – tous pour un » cet esprit doit conduire les personnes vaccinées ou qui sont favorables à la vaccination – dont je fais partie – à accepter et respecter le point de vue de celles et ceux qui doutent ou refusent.

Cet esprit doit aussi conduire celles et ceux qui ne sont pas vaccinés - ou qui hésitent - à accepter que ce faisant ils représenteront un risque plus élevé, pour eux-mêmes et pour autrui et que, dans ce cadre, un traitement raisonnablement différencié, puisse être appliqué, en particulier lors de rassemblements publics en intérieur, si la situation venait à se compliquer à nouveau. Ce qu’évidemment personne ne souhaite, mais ce qui n’est hélas pas exclu vu l’évolution du trop fameux variant delta. Les autorités cantonales ont d’ailleurs émis un avis de prudence pas plus tard qu’aujourd’hui au vu des derniers chiffres. Pas de chicanerie inutile. Pas d’obligation indirecte de vaccination.

La cohésion et la solidarité nationale c’est comprendre et accepter la position de l’autre, même si on ne la partage pas. Et c’est rechercher le juste équilibre, en visant l’intérêt général, celui de toute la société.

Bien sûr l’individu est au centre de notre conception suisse, c’est un libéral-radical qui vous le dit. Cet individu a des droits, fondamentaux, il est libre de ses choix. Nous devons impérativement préserver cela.

Et c’est justement pour cela eu ce même individu, vous, moi, nous, a aussi des devoirs, moraux, rattachés à sa liberté, parce qu’il vit en société, et que sa liberté s’arrête au seuil de celle d’autrui.

Pour jouir de ses libertés il faut le faire en responsabilité.

Notre devise nationale n’est pas juste « tous pour un », une vision purement individualiste.

Elle ne dit pas seulement « un pour tous » qui serait collectiviste.

Elle marie habilement ces deux dimensions et rappelle les droits et le rôle de chacun dans la société que nous formons tous ensemble.

« Un pour tous, tous pour un ».

C’est l’esprit de la Suisse. Célébrons-le à l’occasion de la fête nationale. Et veillons à le faire vivre au quotidien. Vivons la culture du consensus, si forte, qui demande du courage, celui d’écouter – et d’entendre – l’avis de l’autre. Résistons aux forces centrifuges et aux jugements sans nuances si souvent portés par notre société de l’immédiateté et par des réseaux pas si sociaux qui, trop souvent, attisent l’intolérance là où il faudrait de l’écoute et du respect.

Et ce soir oublions un moment la crise sanitaire et ses difficultés. Et fêtons la Suisse, notre si beau pays. Fêtons ces belles médailles olympiques. Et réjouissons-nous autour des feux de joie qui rappellent la solidarité des vallées ancestrales.

Alors « un pour tous, tous pour un ! »
Vive La Sagne !
Vive la République et canton de Neuchâtel !
Et vive la Suisse !

Le feu traditionnel de la fête nationale, La Sagne (NE), 31 juillet 2021 (photo D. Cottier)

Partagez maintenant :

Autres articles

13 janv. 2024
Damien Cottier remet après 2 ans ses présidences au Conseil de l'Europe

Depuis janvier 2022 Damien Cottier présidait à la fois la Délégation suisse auprès de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) et la commission des affaires juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée de Strasbourg. Le passage de témoin s'est fait lors d'une séance de deux jours à Neuchâtel de la délégation suisse.

En savoir plus